Embarquez pour un voyage enchanteur le long de la Côte Vermeille, véritable perle de l’Occitanie. À bord du train express régional, partons à la découverte de chaque village qui compose ce trésor méditerranéen. Des criques secrètes de Collioure à la quiétude de Banyuls-sur-Mer, plongeons au cœur de l’âme authentique de cette côte envoûtante. Suivez notre itinéraire pour une escapade inoubliable entre mer scintillante et villages pittoresques !
Au sommaire de ce reportage
Pyrénées-Orientales : la carte pour se repérer
La Côte Vermeille en train de village en village
La Côte Vermeille, ou Costa Vermella en catalan, désigne la côte des Albères, située au sud des Pyrénées-Orientales. Honnêtement, avant de venir ici, je n’en avais jamais entendu parler ! Pourtant, elle se révèle absolument magnifique et constitue l’un des trésors méconnus du littoral français. Elle rivalise aisément avec la Côte d’Azur, bien plus célèbre et touristique. Cependant, il est préférable d’éviter le tourisme de masse pour préserver son caractère authentique qui la distingue de la Riviera française. La Côte Vermeille débute au sud de la station balnéaire d’Argelès-sur-Mer, sur la plage du Racou, et s’étend jusqu’à la frontière espagnole à Portbou, en passant par les villages de Collioure, Port-Vendres, Banyuls-sur-Mer et Cerbère. Elle correspond à la rencontre entre les Pyrénées et la Méditerranée. C’est là toute la particularité de ce paysage unique, entre falaises rocheuses et coteaux de vignes. Une vingtaine de vignerons, producteurs de vins d’appellations Collioure et Banyuls, s’emploient à cultiver ces versants arides offrant une vue imprenable sur la mer en contrebas. Je suis fasciné par la splendeur insolente d’une côte qui demeure pourtant discrète. La culture catalane y est très présente, témoignant du riche passé historique de la région. L’accent chantant du midi, le chant des cigales, les barques catalanes, les fonds marins exceptionnels pour la plongée, les sentiers de randonnée vertigineux, les vestiges de forteresses et de tours perchées sur leurs promontoires rocheux, autant d’éléments qui font de cette côte un endroit véritablement unique.
Voici quelques informations pratiques pour vous aider à organiser votre voyage :
Étape | Transport | Gare de départ | Gare d’arrivée | Horaires | Prix (approx.) |
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Perpignan – Collioure | Train TER | Gare de Perpignan | Gare de Collioure | Horaires TER | 10-15 € |
Collioure – Port-Vendres | Train TER | Gare de Collioure | Gare de Port-Vendres | Horaires TER | 2-5 € |
Port-Vendres – Banyuls | Train TER | Gare de Port-Vendres | Gare de Banyuls-sur-Mer | Horaires TER | 2-5 € |
Banyuls – Cerbère | Train TER | Gare de Banyuls-sur-Mer | Gare de Cerbère | Horaires TER | 2-5 € |
- Vérifiez les horaires de train à l’avance, en particulier pendant la saison estivale.
- Pour les trajets à pied ou en bus, consultez les horaires locaux.
- Les gares de Collioure, Port-Vendres, Banyuls-sur-Mer et Cerbère sont proches des centres-villes, facilitant l’accès aux hébergements.
- Considérez la location de vélos pour explorer davantage la région entre les gares.
- Réservez vos hébergements à l’avance, surtout en haute saison.
Côte Vermeille : les villages emblématiques
Collioure
Collioure est typiquement le « village carte postale », situé entre terre et mer, criques et montagnes et qui offre de fait des paysages exceptionnels pour les amoureux de nature. Mais le village est touristique… très touristique ! Il faut avouer que l’enchevêtrement de petites ruelles et de bâtiments colorés est du plus bel effet. Un village quasiment les pieds dans l’eau avec la mer qui vient former une anse directement dans les terres et qui abrite de petits bateaux de pêche, plus communément appelés « barques catalanes », autrefois utilisés le long de la côte méditerranéenne pour pêcher au filet sardines et anchois. Deux maisons – Maison Desclaux et Maison Roque – perpétuent d’ailleurs la tradition ancestrale de la salaison d’anchois. J’arrive maintenant face à l’Église Notre-Dame-des-Anges et son célèbre clocher supplantant les flots, l’emblème du village. Son architecture typiquement catalane et ses strates sont les témoins des différentes périodes d’occupation au fil des époques. Une large passerelle en pierre permet d’accéder au phare marin. La légende raconte que la première fois que l’on marche sur cette passerelle, il faut faire l’aller-retour dans le silence en faisant un vœu et qu’il pourrait bien se réaliser ! En attendant, je jouis d’une vue extraordinaire sur tout Collioure, le Fort Saint Elme, le Château Royal, le village dit « ancien », la rive plus moderne, un moulin à vent, la petite Chapelle Saint-Vincent et le massif montagneux qui surplombe la côte ! La vue sur toute la baie est très agréable et complète cette impression de perfection. Le château semble comme séparer le village en deux et les deux rives n’ont, il est vrai, pas tout à fait le même visage.
En parallèle, Collioure va asseoir sa renommée de « Cité des Peintres » sur la scène internationale au travers du fauvisme, un mouvement artistique du début du XXe siècle, et de l’arrivée d’Henri Matisse et d’André Derain lors de l’été 1905 au village. Les artistes sont inspirés par les couleurs, la lumière exceptionnelle et l’authenticité du petit port de pêche catalan pittoresque. Bon nombre d’artistes vont suivre leurs pas : la réputation de Collioure était faite ! D’ailleurs, pour les amateurs d’art, Le « Chemin du Fauvisme » est un circuit dans le village, ponctué par 19 reproductions d’œuvres de Matisse et Derain réalisées à Collioure. Un autre parcours, réalisé par l’artiste MA2F, vous propose lui un itinéraire révélateur de la photogénie évidente du village au grès de 12 installations sous forme de cadre ayant pour toile de fond le célèbre clocher de l’église de Collioure. Une manière ludique de visiter le village sous tous les angles.
J’ai un vrai coup de cœur pour ce petit village magnifique ! De jour comme de nuit, il a énormément de charme. Son histoire, ses monuments, sa cohabitation avec la mer, ses ruelles charmantes, ses façades aux couleurs vives, son panorama, sa vie commerçante, son côté fleuri et végétal, la baie d’une beauté insolente. Une belle visite qui se termine sous les étoiles.
Port-Vendres
La Côte Vermeille et l’activité maritime sont indissociables. Les ports de la côte sont principalement dédiés à la pêche du poisson bleu (sardines, thons, anchois, maquereaux) qui se pratique à l’aide de senneurs ou de petits fileyeurs. Jusqu’au début des années 1950, la pêche était menée avec des barques catalanes, des embarcations très maniables et robustes, même par gros temps. Cependant, à Port-Vendres, le port a une tout autre vocation. Il est surtout utilisé pour le déchargement, le stockage et la distribution de fruits exotiques venant du monde entier (350 000 tonnes en 2008). Ce port se classe même comme le second port fruitier de Méditerranée !
Au-delà des excursions en mer proposées par les bateaux de plaisance, le village lui-même est un site touristique d’exception. En longeant les quais Pierre Forgas et Jean Moulin, où se concentrent la plupart des restaurants et boutiques, je découvre une crique aux paysages splendides. Des bâtiments colorés dominent le port en face, tandis que les vignobles de Banyuls s’élèvent sur les hauteurs. Je trouve également de merveilleuses criques à explorer en bateau, ainsi qu’une multitude d’activités nautiques et subaquatiques qui raviront les vacanciers. Bien que j’aie peut-être moins accroché avec ce village par rapport aux autres joyaux de la Côte Vermeille, son charme évident demeure. Cela tient probablement au fait que les autres villages de la région sont encore plus exceptionnels. Néanmoins, Port-Vendres reste une halte agréable pour découvrir un littoral catalan authentique et préservé.
Banuyls-sur-Mer
Banyuls-sur-Mer, le troisième joyau emblématique de la Côte Vermeille, me séduit dès le premier regard. En arrivant par le train, la vue sur la plage, le port et les vignobles est à couper le souffle. Ces éléments résument à eux seuls l’essence de Banyuls, comme on l’appelle familièrement ici. Je flâne dans les petites ruelles ombragées, d’un charme irrésistible. Le village regorge d’artisans, dont la célèbre vinaigrerie « La Guinelle », réputée pour ses vinaigres exportés jusqu’au Japon.
Banyuls-sur-Mer est aussi la terre natale du célèbre sculpteur Aristide Maillol, à qui un musée est dédié dans le village. Ses sculptures ornent les quais de manière éparse. Bien entendu, la vie marine occupe une place prépondérante, avec plus de mille deux cents espèces animales (mollusques, spongiaires, poissons) et cinq cents espèces végétales façonnant un paysage sous-marin d’une grande diversité dans la réserve naturelle marine. Un sentier sous-marin permet de le découvrir en pratiquant la plongée ou le snorkeling (masque, palmes, tuba), pour sensibiliser à l’environnement subaquatique.
Le village possède également un vignoble renommé qui s’étend sur plus de six mille kilomètres de terrasses et de murettes. C’est sur ce terroir exceptionnel que naît le vin qui porte le nom de « Banyuls ». L’occasion de partir pour de belles balades et randonnées à travers les vignobles, offrant de multiples points de vue sur la côte et l’arrière-pays. Il ne me reste plus qu’à revenir pour découvrir la traditionnelle « Fête des vendanges » annuelle de Banyuls-sur-Mer et ainsi compléter cette carte postale parfaite.
Cerbère
Tout au bout de la Côte Vermeille, juste avant d’atteindre la frontière espagnole, se trouve le dernier village français : Cerbère. Un endroit à part, relativement enclavé. L’Espagne est toute proche, Portbou étant à seulement six petits kilomètres, et pourtant, ce sont bien les derniers Catalans français qui se sentent privilégiés dans ce décor préservé du tourisme de masse.
À mon arrivée à Cerbère, l’Hôtel du Belvédère du Rayon Vert, imposant et majestueux, inauguré en 1932, m’en met plein les yeux. Son architecture unique s’inspire du style « Paquebot » typique des années 1920-1930. Cette réalisation signée de l’architecte Léon Baille fut la première construction en béton armé au monde. C’est aujourd’hui un monument historique toujours en activité, principalement dédié à l’accueil d’événements culturels, bien que quelques chambres aient été transformées en appartements. C’est indéniablement l’un des monuments les plus impressionnants qui ponctuent le paysage de la Côte Vermeille !
L’emplacement de l’hôtel à Cerbère était stratégiquement choisi. Il était destiné à accueillir les nombreux voyageurs en attente d’un changement de train et d’un visa pour entrer en Espagne. L’activité ferroviaire était l’autre pilier du village. Bien que la zone de la gare soit aujourd’hui largement désaffectée, subsiste un étonnant tunnel en pierre de plusieurs centaines de mètres, devenu la toile urbaine des artistes du street-art, conférant au lieu un caractère totalement underground !
Je ne m’attendais pas à trouver cela ici, dans un village en apparence sobre, et pourtant avant-gardiste en matière d’art. Les œuvres investissent tous les espaces bétonnés, signées par des pointures du genre ou d’amateurs. Un mélange de styles qui rend la traversée du tunnel, reliant la plage à la gare, un peu moins austère. Le reste de la station est plutôt tranquille, avec un petit port de pêche, des ruelles charmantes, des perles architecturales, des criques préservées de l’affluence et des sentiers maritimes propices à la balade. Le marché du mardi et du vendredi offre l’occasion idéale de se ravitailler en bons produits catalans.
Autres sites d’intérêt le long de la Côte Vermeille
Sentier du littoral d’Argelès-sur-Mer à Collioure
Le sentier du littoral, ouvert à tous, offre une superbe randonnée de 32 kilomètres, débutant à Argelès-sur-Mer et s’achevant à Cerbère. Il offre l’opportunité de cheminer le long des falaises qui surplombent les eaux cristallines de la Méditerranée, offrant une vue imprenable sur la côte et le Pic du Canigou. Plusieurs autres points de départ sont envisageables : depuis le Racou, Collioure, Port-Vendres, Cap Béar, Paulilles et le Cap Cerbère. L’occasion de suivre le plus beau sentier de la Côte Vermeille et de découvrir plages, criques, villages, pinèdes, vignes, sites patrimoniaux et de nombreux paysages pittoresques de la région.
J’emprunte le tronçon débutant au phare du Cap Béar, le promontoire rocheux le plus avancé dans la mer, souvent balayé par des vents vigoureux, jusqu’à l’entrée du village de Banyuls-sur-Mer. Après un démarrage quelque peu exigeant en raison du dénivelé, je découvre l’anse de Paulilles, l’une des plus belles plages de la région, avec son eau cristalline qui invite irrésistiblement à la baignade, d’autant plus après l’effort fourni pendant la randonnée.
Toutefois, explorer l’anse de Paulilles, c’est aussi revisiter les vestiges d’un site qui a abrité l’une des industries les plus délicates de France. Pour mieux appréhender cette histoire ouvrière vieille de 115 ans, je fais un détour par le parc aménagé de 17 hectares ! Ici, je retourne en 1870, lorsque Alfred Nobel et son associé Paul Barbe ont décidé d’installer une grande usine de dynamite en bord de Méditerranée. Des centaines d’ouvriers, des milliers de tonnes de dynamite, une église, une école, des commerces. Aujourd’hui, 7 des 32 bâtiments de l’usine sont accessibles au public, offrant l’opportunité de découvrir ce patrimoine industriel exceptionnel.
Je poursuis ma randonnée en contournant le site. Je profite d’une crique un peu plus loin, plus intime, pour faire une pause déjeuner avant de reprendre ma marche avec entrain. La vue sur Banyuls-sur-Mer marque la fin de ma randonnée, avec 7 kilomètres parcourus en près de 4h30 de marche. L’occasion de mieux apprécier les charmes de cette côte « Vermeilleuse » et de tomber définitivement sous le charme de ce paysage où la grâce et la poésie semblent coexister en parfaite harmonie.
Tour Madeloc
Je débute ma randonnée en direction de la Tour Madeloc, un site emblématique de la Côte Vermeille. Le sentier se dévoile devant moi, serpentant à flanc de colline avec la Méditerranée en toile de fond. L’air est empreint du mélange iodé de la mer et des arômes des végétaux environnants. À mesure que je grimpe, le paysage se dévoile progressivement. Les vignobles en terrasses, les oliviers séculaires et les cyprès ponctuent mon trajet, créant une atmosphère typiquement méditerranéenne. Les chants d’oiseaux et le souffle du vent complètent cette symphonie naturelle. Arrivé à proximité de la Tour Madeloc, mon intérêt est piqué. Cette vieille sentinelle de pierre, témoin de l’histoire de la côte, se dresse fièrement devant moi. Ses ruines racontent des récits d’époques révolues, ajoutant une dimension historique à ma randonnée. Une fois au sommet, le panorama est tout simplement époustouflant. La mer scintille sous le soleil et les Pyrénées se profilent à l’horizon. Je prends un moment pour m’imprégner de cette vue à couper le souffle, laissant cette quiétude m’envelopper. La randonnée vers la Tour Madeloc est bien plus qu’une simple promenade. C’est un point de vue exceptionnel sur l’histoire et la nature de la Côte Vermeille.
Tour de la Massane
J’entame ma randonnée en direction de la Tour de la Massane, un site emblématique de la région. Le sentier me guide à travers les reliefs, offrant des panoramas sur la Côte Vermeille et ses alentours. L’air est empreint des senteurs marines mêlées aux arômes typiques de la végétation méditerranéenne. À mesure que je progresse, les pins et les chênes-lièges m’entourent, témoignant de la richesse de la flore locale. Le chant des oiseaux et le souffle du vent deviennent mes fidèles compagnons tout au long de l’ascension. En approchant de la Tour de la Massane, son histoire prend vie. Cette ancienne tour de guet, jadis gardienne des côtes, se dresse fièrement face à la mer. Arrivé au sommet, la vue panoramique est simplement spectaculaire. La Côte Vermeille s’étend majestueusement et les sommets des Albères se profilent à l’horizon. Je prends un moment pour m’imprégner de cette vision à couper le souffle. Un effort physique largement récompensé par une expérience qui restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Cap Béar
Je m’aventure en fin de journée au Cap Béar, situé à moins de 5 kilomètres de Port-Vendres, avec l’envie de découvrir un petit coin de paradis. Et quel spectacle ! La vue depuis ce promontoire est à couper le souffle avec la mer qui s’étend à perte de vue. En suivant les sentiers, je découvre toute la richesse de la nature environnante. L’air est parfumé des essences méditerranéennes et les oiseaux marins tournoient au-dessus des falaises, offrant un spectacle incroyable. Les petites criques cachées le long de cette côte escarpée sont de véritables trésors. J’admire le vieux phare, un témoin silencieux des temps passés qui veille sur ces rivages depuis des années. Son architecture imposante s’intègre parfaitement à ce paysage naturel. Alors que le soleil amorce sa descente, je m’installe sur un rocher, profitant du spectacle apaisant du soleil qui se fond dans la mer, teintant le ciel de couleurs chaudes. Le Cap Béar est bien plus qu’un simple bout de terre, c’est la promesse d’une expérience inoubliable sur la Côte Vermeille.
Au final, j’en ai pris plein les yeux en voyageant à un rythme paisible le long de la Côte Vermeille. Encore une fois, la France m’a surpris par tant de splendeurs que j’avais, à tort, trop l’habitude d’aller chercher à l’autre bout du monde ! Une côte aux multiples facettes qui m’a définitivement conquis et que je voulais vous faire découvrir comme je l’ai fait, en me laissant guider d’un endroit à un autre !